Cuba, continuité et transformation

25/02/2008
  • Español
  • English
  • Français
  • Deutsch
  • Português
  • Opinión
-A +A
Réunis ce dimanche 24 février en leur première session de la septième législature, les 614 députés de l’Assemblée du Pouvoir populaire de Cuba ont désigné Raoul Castro pour succéder au dirigeant de la révolution cubaine, Fidel Castro, à la présidence du Conseil d’Etat.

Nous sommes devant un processus à la fois de continuité en particulier en tout ce qui concerne la patrie socialiste, l'indépendance nationale mais aussi de réformes. Il témoigne de la volonté des Cubains eux-mêmes de maîtriser dans la souveraineté la transition non seulement de Fidel à d'autres dirigeants, et à des institutions rénovées mais d'une génération à une autre. Ce qui implique des transformations (1). D'autres doivent intervenir dans le cadre du dépassement de la "période spéciale" pour aller en particulier vers une gestion plus efficiente, ce qu'annonçait déjà le discours du 26 juillet 2007 de Raoul Castro.

Comme nous l'avons analysé dans notre livre, c'est cette capacité à opérer des rectifications tout en maintenant le cap sur l'indépendance nationale et le choix socialiste qui caractérise Cuba. On retrouve cette volonté de continuité et de transformation aussi bien dans ce qui sera le programme du travail de la Nouvelle Assemblée et du Conseil d'Etat que dans la tentative de renouveler celui-ci à 41,9 % de ses membres. Le Conseil d'Etat comprend déjà des hommes jeunes à côté de dirigeants historiques, il s'ouvre à une nouvelle génération et à des femmes au nombre de 13.

Fidel, irremplaçable

Raoul qui a dirigé l’assemblée jusqu’à l’annonce de son élection a assuré que continuera « à se renforcer la révolution en un moment qui exige d’être dialectiques et créateurs comme nous l’a conseillé le compagnon Fidel »

Le nouveau président du Conseil d’Etat a appelé à avoir plus d’efficience dans la gestion du gouvernement de l’île. C'est vraisemblablement ce qui va être fait dans les prochains et sans expliciter Raoul a annoncé des mesures qui iront dans le sens de cette efficacité.

Raoul a répété que « le Commandant en chef de la révolution cubaine est un seul, Fidel, est Fidel, il est irremplaçable et le peuple continuera son œuvre quand il ne sera plus là physiquement parce que ses idées seront toujours présentes. »

L’ex-vice président du Conseil d’Etat a demandé à l’Assemblée l’autorisation pour continuer à consulter le dirigeant de la Révolution, Fidel Castro, dans les décisions les plus importantes en ce qui concerne le pays, spécialement les sujets comme la défense, la politique extérieure et le développement socioéconomique. Proposition qui fut acceptée par la majorité absolue des 614 députés.

« Je suis sûr d’exprimer le sentiment de notre peuple, en sollicitant de cette Assemblée comme organe supérieur du pouvoir du peuple, que sur les décisions d’une spéciale importance pour le futur de la nation, il me soit permis de continuer à consulter le dirigeant de la révolution, le compagnon Fidel Castro Ruz » a dit Castro au milieu des applaudissement des parlementaires.

Un Conseil d’Etat rénové

Dans une consultation de vote directe et secrète, les députés du parlement ont élu aussi le premier vice président du Pays et les cinq autres vice-présidents.

Comme premier vice président du Conseil d’Etat et du Conseil des Ministres a été élu José Ramón Machado Ventura, qui à partir de ce moment deviendra vice président du conseil d’État.

Juan Almeida Bosque, Julio Casas Regueiro, Esteban Lazo Hernández, Carlos Lage Dávila y Abelardo Colomé Ibarra, sont vicepresidentes del Consejo de Estado, en outre José Miguel Miyar Barrueco continuera comme secrétaire.

Sont maintenus au Conseil d’État José Ramón Balaguer Cabrera, Ramiro Valdés Menéndez, Pedro Saez Montejo, Luís Herrera Martínez, Iris Betancourt Téllez, Roberto Fernández Retamar, Francisco Soberón Valdés, Felipe Pérez Roque, Carlos Valenciaga Díaz y Orlando Lugo Fonte.

Le Conseil d’État a expérimenté une rénovation de 41,9 pour cent de ses membres et admet 13 nouveaux membres parmi lesquels Yolanda Ferrer Gómez, Salvador Valdés Mesa, Juan José Rabilero Fonseca, Julio Martínez Ramírez y María del Carmen Concepción González.(2)

- Danielle Bleitrach
(1) Dans notre livre nous soulignons le fait que si Fidel est un "fondateur de république", ce type d'homme peint par Machiavel et que l'on trouve aux Etats-unis avec Washington ou Napoléon en France, la sagesse est de ne pas leur chercher de successeur mais de mettre en place des institutions qui permettront de poursuivre leur oeuvre. C'est ce que ne cesse d'affirmer Raoul Castro et il est probable que nous allons avoir une toute nouvelle manière de gérer Cuba. Pour donner un exemple que nous empruntons à notre livre, de par sa Constitution Cuba est un régime d'assemblée, de par la personnalité de Fidel on avait abouti à une sorte de présidentialisation ou plutôt de domaines réservés que Fidel investissait avec son énorme puissance de travail, son autorité et toute une équipe de spécialistes. Les Cubains reconnaissent qu'il savaient pratiquer cela en écoutant et en tenant compte des avis des assemblées, mais il craignaient qu'un successeur n'entraîne Cuba vers une présidentialisation, un régime de caudillo. Le rôle de Raoul est d'opérer aussi cette transition institutionnelle.
(2)TeleSUR / sb - SB
http://www.telesurtv.net/secciones/noticias/nota/index.php?ckl=24754#


https://www.alainet.org/fr/active/22381
S'abonner à America Latina en Movimiento - RSS