Contre l’indifférence, la solidarité de la foule

18/06/2015
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La République Dominicaine ne pourra pas entreprendre dans le silence des déportations massives de migrants haïtiens ou de Noirs dominicains vers Haïti, avec laquelle elle partage une île.

 

La foule s’élève à travers le monde contre les opérations prévues, qui jettent dans la tourmente des dizaines de milliers de personnes n’ayant pas pu s’inscrire au Plan national (dominicain) de régularisation des étrangers (Pnre) à la date butoir du 17 juin 2015.

 

Au temps des révolutions technologiques, le web 2.0 est largement mis à contribution à travers des plateformes d’expression publique, où, justement, se prononce « la foule ».

 

Alors que les grandes organisations multilatérales observent encore le silence face à ces déportations massives imminentes, ce sont des milliers de signatures qui s’accumulent au bas de pétitions électroniques.

 

En Amérique du Nord et en Europe, les peuples disent non à une grave violation annoncée de droits humains et la fabrication d’une des plus grandes crises humanitaires de l’hémisphère.

 

En 48 heures, environ 30,000 personnes ont signé une pétition mise en ligne le 16 juin sur le site de la maison blanche aux Etats-Unis. Elles appellent le gouvernement du président Barak Obama à exercer des pressions contre la République Dominicaine pour mettre fin au « nettoyage ethnique » planifié de 250,000 Dominicains noirs.

 

D’un autre coté, Haïti n’a pas les moyens de faire face à une vague massive de réfugiés, arguent les pétitionnaires.

 

Une autre pétition récemment mise en ligne sur la plateforme Moveon a déjà recueilli près de 9,000 signatures contre les actions prévues par la République Dominicaine.

 

« Dépouiller des citoyens de leur identité sans raison valable et les déporter dans un pays qu’ils ne connaissent pas est cruel et anti-humanitaire », soutient cette pétition adressée au parlement et à l’exécutif américains.

 

Une troisième pétition, lancée sur avaaz.org par le Collectif Haïti de France, demande au président dominicain, Danilo Medina, de « respecter les droits fondamentaux des Haïtiens en Rép. Dominicaine ».

 

Cette pétition a recueilli, en quelques semaines, plus d’un millier de signatures, particulièrement de francophones à travers le monde.

 

Là-dessus, il faut quand-même rappeler l’irresponsabilité des dirigeants haïtiens, qui n’ont pas su profiter du momentum favorable qui était créé tout de suite après l’arrêt 168-13 de septembre 2013 du Tribunal constitutionnel dominicain, ayant enlevé leur nationalité à plusieurs centaines de milliers de Dominicaines et Dominicains, d’origine haïtienne pour la plupart.

 

Au sein de la Communauté des Caraïbes (Caricom) et de l’Organisation des États américains (Oea), des positions s’étaient exprimées fermement contre les agissements dominicains.

 

A cette époque, de sombres intérêts avaient probablement guidé le comportement des autorités haïtiennes qui ont, progressivement, noyé la question, au bénéfice de l’establishment dominicain.

 

La « dignité », dont parlent aujourd’hui les actuels tenants du pouvoir en ce qui concerne la réception des rapatriés, attend d’être concrétisée dans des actions qu’on ne voit malheureusement pas. Mais il faut aussi que la position et les dispositions officielles vis-à-vis de la déportation en Haïti de Noirs dominicains soient claires.

 

Et puis, en chaque citoyen et citoyenne d’Haiti, il y a certainement un déficit d’indignation à combler.

 

18 juin 2015

http://www.alterpresse.org/spip.php?article18361#.VYgxOVJ1yyc

https://www.alainet.org/fr/articulo/170545
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