D’immenses défis… pour Haïti en 2012
06/01/2012
- Opinión
La république d’Haïti devra affronter de nombreux défis durant l’année 2012, qui coïncidera avec la première année de gestion de la nouvelle administration politique du président Michel Martelly, suivant quelques repères d’actualité rassemblés par l’agence en ligne AlterPresse.
Des interrogations se posent sur un risque d’imbroglio constitutionnel, au cas où la présidence décide de publier le texte corrigé de l’amendement controversé, réalisé à la va-vite début mai 2011 et dont le texte final (émaillé d’erreurs) a été promulgué par le président sortant René Garcia Préval.
Une commission, composée de représentants de la présidence, du parlement et de quelques membres d’organisations sociales, a revu le texte et les bandes enregistrées des votes des parlementaires. Un texte corrigé a été acheminé par le parlement à la présidence, qui semble désormais hésiter à franchir le pas de la promulgation officielle.
Dans quel délai seront tenues les élections pour le renouvellement du tiers du sénat (10 sénateurs), des 140 conseils d’administration communale et des 570 conseils d’administration de sections communales ?
Aucune date n’est encore fixée pour le déroulement des dites compétitions, qui auraient dû avoir lieu en 2011.
De plus, rien n’est clair sur la composition de l’organisme qui sera en charge du prochain scrutin, l’ancienne administration électorale venant d’être dissoute le 29 décembre 2011 par la présidence et deux de ses membres assignés à résidence.
En 2012, l’opinion publique sera probablement renseignée sur la nationalité étrangère ou non du président de la république, du premier ministre et de plusieurs membres du gouvernement de Garry Conille, sur qui pèsent des soupçons de double nationalité (haïtienne et étrangère) que n’accepte (en aucun cas) la présente constitution du 29 mars 1987.
La reconstitution éventuelle de l’armée reste un souci également dans la conjoncture de 2012.
Contrairement à ses promesses antérieures, Martelly semble, pour le moment, hésiter à fixer d’échéance pour le rétablissement d’une nouvelle armée. Il annonce seulement qu’il soumettra bientôt aux pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire les premières recommandations de la commission spéciale sur l’armée, mise en place en novembre 2011.
L’opinion publique attend concrètement l’application de normes sécuritaires pertinentes, avec la professionnalisation (sans cesse mise en avant) de la police nationale, dans un contexte marqué par la présence de la force onusienne plus connue sous le nom de la mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti
L’indépendance du système judiciaire, notamment vis-à-vis du pouvoir politique, sera un sujet à suivre au cours de la nouvelle année, d’autant que le gouvernement Martelly-Conille place l’État de droit comme un de ses 5 axes d’actions politiques.
Jusqu’à début janvier 2012, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) n’est pas encore constitué, malgré le choix (depuis 2007) de différentes personnalités (appelées à l’intégrer) fait par les organismes concernés.
2012 devra permettre de se rendre compte effectivement de la matérialisation du programme de scolarisation gratuite à des milliers d’enfants, pour lequel une propagande sans bornes et reflétant le culte de la personnalité (de Martelly) est orchestrée par l’équipe au pouvoir.
D’ici au mois de mars, des dispositions institutionnelles sont annoncées pour une décentralisation du carnaval vers les Cayes, la troisième ville d’Haïti.
Les tenants et aboutissants de ces dispositions ainsi que les voies et moyens, sans oublier les perspectives de ces nouvelles mesures envisagées, ne sont pas encore connues.
Cependant, une des questions cruciales pour 2012 demeure le problème de la relocalisation de personnes déplacées du tremblement de terre du 12 janvier 2010, dont plusieurs milliers habitent encore sous les tentes, deux ans après.
A date, il n’y a pas encore de programme de logements sociaux véritable pour une grande partie de la population, confrontée à la problématique de l’habitat sur un territoire insulaire vulnérable aux aléas sismiques et cycloniques.
Le renforcement institutionnel des unités de protection civile et de l’unité technique de sismologie n’est pas encore mis en œuvre à l’échelle nationale, face aux défis environnementaux de la république d’Haïti.
A suivre aussi les travaux de reconfiguration de la capitale Port-au-Prince, avec les possibles incorporations de nouveaux bâtiments publics et des espaces d’investissements privés, dans le cadre de la reconstruction post-séisme.
Il faudra également considérer l’approche qui sera retenue en matière d’emplois : la nouvelle administration politique va-t-elle continuer de privilégier la génération d’emplois par l’implantation d’usines de sous-traitance et de zones franches au détriment des potentialités agricoles existantes en divers points du territoire national ?
Dans quelle mesure les investissements internationaux attendus accompagneront un plan de développement durable en Haïti ?
https://www.alainet.org/fr/active/52019?language=en
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