Une semaine avant le premier anniversaire (14 mai 2012) au pouvoir de la nouvelle administration politique, il reste la décision de la chambre des députés, qui sera vraisemblablement favorable, en fonction du rapport de forces politiques à l’heure actuelle, pour l’installation du nouveau gouvernement de Laurent Lamothe, 39 ans, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

 

La validation du parlement sera ainsi bouclée sur le quatrième choix, depuis l’investiture, comme président, le 14 mai 2011, de Joseph Michel Martelly en la personne de l’homme d’affaires, Laurent Salvador Lamothe (ministre sortant des affaires étrangères), pour devenir chef de gouvernement. 20 sénateurs présents ont approuvé, dans la soirée du 8 mai 2012, le programme de gouvernement du premier ministre Lamothe, qui va garder le portefeuille des affaires étrangères. [1]

 

Globalement, en plus de Lamothe lui-même, le futur gouvernement comprend 10 nouveaux ministres (dont 3 titulaires de 3 nouveaux ministères) et 8 ministres reconduits, selon l’arrêté de nomination lu avant la présentation de la politique générale de Lamothe.

 

L’arrêté en question ne fait nullement mention des 4 ministères suivants : commerce et industrie, environnement, Haïtiens vivant à l’étranger, jeunesse, sports et action civique.

 

Ancien président du sénat (mai 2011 – janvier 2012) et ancien membre des forces armées d’Haïti , le sénateur sortant du Nord-Est, Jean Rodolphe Joazile, sera en charge du nouveau ministère de la défense nationale. A la séance du 8 mai 2012, Joazile a voté en faveur du programme de son futur premier ministre Laurent Lamothe.

 

Le nouveau ministère de la défense nationale devra impérativement se prononcer sur les groupes armés qui, revendiquant le statut “d’anciens militaires”, occupent plusieurs édifices publics et privés (environ une quinzaine sur le territoire national) depuis novembre 2011.

 

L’ancien journaliste, Ady Jean Gardy, très proche de Lamothe (dont le cabinet particulier aux affaires étrangères était dirigé par Jean Gardy), occupera la fonction de ministre de la communication et de l’information, une nouvelle structure.

 

Jean Mario Dupuy, qui faisait partie de la structure de communication de la présidence de Martelly et ancien secrétaire d’État de la culture et de la communication sous l’administration de Jean-Bertrand Aristide (entre 2001 et 2004), sera en charge du ministère de la culture.

 

Sur les 18 ministères annoncés, 6 seront assumés par des femmes (dont 3 nouvelles titulaires) : ministère de l’économie et des finances (Marie Carmelle Jean-Marie), planification et coopération externe (Josépha Raymond Gauthier ), droits humains et lutte contre la pauvreté extrême (Marie Carmelle Rose Anne Auguste),. tourisme (Stéphanie Balmir Villedrouin), santé publique et population (Florence Duperval Guillaume), condition féminine et droits des femmes (Yanick Mézil).

 

Les 3 dernières citées ont été reconduites dans leurs portefeuilles respectifs.

 

L’entité dénommée “droits humains et lutte contre la pauvreté extrême” est une nouvelle structure, envisagée par Lamothe et qui sera occupée par une ministre déléguée auprès du premier ministre”.

 

Le futur gouvernement, qui comporte (en attendant) 19 ministères, dont 3 n’ayant pas encore de base légale, devra œuvrer à partir d’un budget 2011-2012, que viennent d’approuver les 2 chambres. Ce budget, qui a été élaboré par l’administration de Gary Conille, a été soumis très tard au parlement en février 2012, bien avant la démission officielle de Conille (comme premier ministre) rendue publique le 24 février 2012.

 

La déclaration de politique générale du nouveau premier ministre, au sénat le mardi 8 mai 2012, a été faite parallèlement avec une présentation powerpoint du programme escompté.

 

Laurent Lamothe se donne pour objectif de s’approprier les technologies de l’information et de la communication dans la gestion gouvernementale à venir.

 

Le processus, ayant abouti au vote favorable du sénat sur le programme de gouvernement de Laurent Lamothe, a été entaché de suspicion de collusion et de marchandage. La moralité de différents parlementaires est mise en question, au regard de l’attitude affichée dans leurs votes successifs, lesquels frisent plutôt l’indécence et la défense d’intérêts personnels et particuliers, au détriment de l’intérêt collectif.

 

Se basant sur un article des règlements intérieurs, prévoyant le dépôt du document de la déclaration de politique générale 48 heures avant la séance en assemblée, 8 sénateurs [2] ont boycotté le vote du 8 mai 2012.

 

Cependant, le vote a été acquis notamment avec la présence de 10 sénateurs en fin de mandat [3], qui ont ratifié le programme de gouvernement avec 10 autres collègues, à l’unanimité des membres présents.

 

Plusieurs parlementaires auraient été “arrosés” de sommes importantes en vue de voter en faveur du choix de Lamothe, a révélé le sénateur Jean Hector Anacacis en avril dernier.

 

Les nombreuses irrégularités administratives, relevées dans le dossier de Lamothe, ont été balayées d’un revers de main dans les séances successives au sénat (le 10 avril 2012) et à la chambre des députés (le 3 mai).

 

Les sénateurs et députés ne se sont embarrassés d’aucun scrupule pour trouver des justifications aux manquements, comme l’obtention d’une carte d’identification nationale en été 2011 par Lamothe. Les pièces fournies, par le possible futur premier ministre, avant la ratification de sa déclaration de politique générale dans chacune des deux chambres, n’ont pas pu attester d’une résidence de Lamothe dans le pays, durant 5 années consécutives, comme le stipule la Constitution de 1987. [rc apr 09/05/2012 15:00]

 

[1] Les choix de Daniel Gérard Rouzier et de Bernard Honorat Gousse ont été successivement rejetés par la chambre des députés le mardi 21 juin 2011 et le sénat le mardi 2 août 2011, avant un vote final favorable a Gary Conille le samedi 14 octobre 2011 pour être premier ministre.

 

[2] Il s’agit de : Andris Riché (Alternative / Grande Anse / Sud-Ouest) ; Jean William Jeanty (Konba / Nippes / Sud-Ouest) ; Jean Baptiste Bien-Aimé (Inite / Nord-Est) ; Jean Charles Moïse (Inite / Nord) ; François Anick Joseph (Alternative / Artibonite) ; Pierre Francky Exius (Inite / Sud) ; Steven Benoit (Alternative / Ouest) et Wesner Polycarpe (Alternative / Nord).

 

[3] Ce sont : Jean Hector Anacacis (Inite / Ouest) ; Edmonde Supplice Beauzile (Alternative / Centre) ; Evallière Beauplan (Alternative / Nord-Ouest) ; Jean Rodolph Joazile (Alternative / Nord-Est) ; Joseph Lambert (Inite / Sud-Est) ; Kely Bastien (Inite / Nord) ; Michel Clérié (Alternative / Grande Anse / Sud-Ouest) ; Nenel Cassy (Inite / Nippes) ; Youri Latortue (Ayiti an Aksyon / AAA / Artibonite) et Yvon Buissereth (Inite / Sud).