Lancement des travaux de la Ve Conférence Internationale de Via Campesina
15/10/2008
- Opinión
Maputo, 16 oct. 08 [AlterPresse] --- "Il importe de faciliter l'accès des jeunes générations à l'agriculture et aux moyens de production".
Ce slogan a servi de leitmotiv à l'ouverture des travaux de la Ve conférence internationale du mouvement international Via Campesina, débutés par l'assemblée des jeunes ruraux de plusieurs régions du monde à Maputo (la capitale du Mozambique), ce jeudi 16 octobre 2008 (journée mondiale de l'alimentation), observe l'agence en ligne AlterPresse.
Les réalités spécifiques des jeunes paysans dans les différentes régions, couvertes par Via Campesina, sont exposées les 16 et 17 octobre par les délégués de l'Afrique, de l'Asie du Sud-Est de l'Est et du Sud, d'Amérique centrale, des Caraïbes (y compris Haïti, la République Dominicaine et Cuba), d'Amérique du Sud, d'Amérique du Nord et d'Europe. Elles seront suivies de débats et de résolutions qui, avec ceux de l'assemblée mondiale des femmes des 17 et 18 octobre, feront l'objet d'analyses et de vote à la conférence internationale proprement dite qui aura lieu du 19 au 21 octobre, préalablement à l'assemblée de Via Campesina avec ses alliés les 22 et 23 octobre 2008.
"Plus que jamais, les populations paysannes se battent aujourd'hui pour survivre. La crise du secteur agricole ainsi que la crise financière, les crises environnementale et climatique sans précédents, la crise énergétique et une profonde crise sociale constituent les symptomes de l'échec d'un même modèle, le modèle néolibéral, selon lequel tout est organisé au nom du profit", signale Via Campesina.
Le mouvement international paysan, auquel s'associent les réseaux altermondialistes et d'autres mouvements sociaux qui participent à la conférence de Maputo, croit opportun le temps pour de nouvelles politiques agricoles "ayant comme priorités la production alimentaire de proximité, une agriculture durable peu consommatrice d'énergies fossiles et un renforcement des organisations de paysannes et paysans".
Pour Via Campesina, la crise actuelle révèle combien le système alimentaire actuel, qui repose sur l'importation de nourriture et la soi-disant "révolution verte", n'est pas fiable, mais provoque plutôt la faim et la pauvreté.
"En opposition à l'agriculture industrielle d'importation et d'exportation qui a mené à la destruction des emplois ruraux, des communautés rurales et de l'environnement, les petits producteurs du Sud mais aussi du Nord se battent, depuis des années, pour défendre des modes de production agricoles fondés sur une agriculture paysanne durable et familiale.
En plus de fortifier le mouvement international de paysans et petits producteurs pour une plus grande représentativité, la Ve conférence internationale d'octobre 2008 de Via Campesina, qui se déroule au siège de Maputo du bureau régional pour l'Afrique, a pour objectifs de construire un modèle alternatif de développement rural ainsi que de définir des plans d'action communs pour les 4 années à venir.
Parallèlement, la Ve conférence internationale de Via Campesina analysera le contexte international dans le cadre de la lutte des paysans et l'impact des traités commerciaux, de la question de la biodiversité et des semences, des agro-carburants, des changements climatiques et des modèles de production sur la souveraineté alimentaire.
C'est dans cette Ve conférence que seront débattus et définis les thèmes-clés, les positions et orientations politiques de Via Campesina entre 2008 et 2012. Y seront également articulés les règles, mécanismes et structures pour un fonctionnement participatif et démocratique au sein du mouvement international de paysans.
Le cinquième congrès d'octobre 2008 de Via Campesina rassemble, du 16 au 23 octobre, plus de 600 personnes, femmes et hommes, paysans et petits agriculteurs d'environ 150 organisations de plus de 70 pays.
La plupart des délégations internationales sont arrivées à Maputo entre les mardi 14 et mercredi 15 octobre 2008.
C'est l'Union nationale des paysans (Unac, qui compte plus de 65 mille membres organisés en 58 unions et 1,243 associations et coopératives, outre ses membres individuels) de Mozambique [1] qui accueille la rencontre à Matola (province de Maputo à environ 10 km au sud du centre de la capitale) à l'école centrale du parti politique dénommé Front de libération du Mozambique (Frelimo) au pouvoir depuis la proclamation de l'indépendance de ce pays (du Portugal) le 25 juin 1975.
Le Mouvement paysan national du congrès de Papaye (Mpnkp), Tèt kole ti peyizan ayisyen et le Mouvement paysan de Papaye (Mpp, Hinche) sont les organisations d'Haïti qui participent au cinquième congrès de Via campesina.
Pour recevoir les 600 femmes et hommes délégués à Maputo, le secrétariat opérationnel international - qui se trouve à Jakarta (Indonésie) - a mis en oeuvre diverses commissions ad hoc, dont celles relatives à l'assemblée des jeunes, l'assemblée des femmes, la conférence internationale proprement dite, l'assemblée avec les organisations alliées de Via Campesina, le comité de coordination international (CCI) , l'équipe de coordination, la coordination de la traduction de textes, l'interprétariat pendant les travaux, la gestion des événements pour la conférence internationale et les assemblées de jeunes et de femmes, la coordination politique et logistique des régions, la coordination des organisations invitées, alliées et observatrices, la mystique de Via Campesina, la structure de communication et de médias, les infrastructures, les accréditations, la santé, les aéroports, le transport, l'organisation de voyages, les finances, le budget et les remboursements, la sécurité, la discipline et la résolution de conflits, le secrétariat général et la coordination technique générale.
Créé formellement en mai 1993 à Mons (Belgique) dans un contexte de mise en question du modèle de globalisation néolibérale mettant en péril les droits des paysans, notamment à la souveraineté alimentaire, le mouvement Via Campesina entend se présenter comme une voix discordante "au chœur qui chante les louanges de la globalisation" et une voix de l'opposition radicale au modèle néolibéral d'agriculture contrôlé par les grandes entreprises.
Les 4 autres précédentes conférences internationales de Via Campesina ont eu lieu en 2004 au Brésil (qui a vu la première session de l'assemblée mondiale des jeunes ruraux et la deuxième session de l'assemblée de femmes rurales), en 2000 en Inde (tenue de la première session de l'assemblée de femmes paysannes de Via Campesina), en 1996 au Mexique et en 1993 en Belgique.
Via Campesina a pris part à différents événements internationaux, comme les mobilisations au sommet de 2008 de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (Fao), celles au G8 en 2008 à Hokkaido (Japon) et en 2007 à Rostock (Allemagne), celles sur la diversité biologique (convention sur la diversité biologique / Cdb) en 2008 à Bonn (Allemagne) et en 2006 à Curitiba (Brésil), les manifestations contre les accords de libre échange et les accords de partenariat économique (Ape), mais aussi la conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural (Iccard en anglais) en 2006 au Brésil, la co-organisation du forum mondial pour la souveraineté alimentaire en février 2007 à Nyeleni [2], le traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture (Tirpaa), en 2007, ainsi que les conférences de l'Organisation mondiale du commerce (Omc) en 2008 à Genève (Suisse), en 2005 à Hong Kong (Chine) et en 2003 à Cancun (Mexique). [rc apr 16/10/2008 10:00]
- Ronald Colbert, Envoyé spécial
http://www.alterpresse.org/spip.php?article7794
-----------------
[1] du nom d'un commerçant arabe du XV e siècle Mussa Bin-Bik
[2] Nyéléni est une paysanne malienne dont l'existence a été transmise par la tradition orale africaine. Originaire de la région de Ségou elle a vécu à une date indéterminée. Fille unique, elle n'a eu de cesse que d'exceller dans tous les domaines afin d'être la fierté de ses parents. Elle devient ainsi une agriculturice hors-pair qui gagnait tous les concours. On lui attribue la domestication du fonio une céréale aux grains minuscules, cultivée dans la partie sahélienne de l'Afrique de l'Ouest. Nyéléni est devenue le symbole de l'engagement des femmes dans la vie sociale malienne. Les organisateurs du forum mondial pour la souveraineté alimentaire, qui s'est tenu à Sélingué au Mali du 23 au 27 février 2007, ont choisi de lui rendre hommage en baptisant cette rencontre "Nyéléni 2007, Source Wikipedia"
Ce slogan a servi de leitmotiv à l'ouverture des travaux de la Ve conférence internationale du mouvement international Via Campesina, débutés par l'assemblée des jeunes ruraux de plusieurs régions du monde à Maputo (la capitale du Mozambique), ce jeudi 16 octobre 2008 (journée mondiale de l'alimentation), observe l'agence en ligne AlterPresse.
Les réalités spécifiques des jeunes paysans dans les différentes régions, couvertes par Via Campesina, sont exposées les 16 et 17 octobre par les délégués de l'Afrique, de l'Asie du Sud-Est de l'Est et du Sud, d'Amérique centrale, des Caraïbes (y compris Haïti, la République Dominicaine et Cuba), d'Amérique du Sud, d'Amérique du Nord et d'Europe. Elles seront suivies de débats et de résolutions qui, avec ceux de l'assemblée mondiale des femmes des 17 et 18 octobre, feront l'objet d'analyses et de vote à la conférence internationale proprement dite qui aura lieu du 19 au 21 octobre, préalablement à l'assemblée de Via Campesina avec ses alliés les 22 et 23 octobre 2008.
"Plus que jamais, les populations paysannes se battent aujourd'hui pour survivre. La crise du secteur agricole ainsi que la crise financière, les crises environnementale et climatique sans précédents, la crise énergétique et une profonde crise sociale constituent les symptomes de l'échec d'un même modèle, le modèle néolibéral, selon lequel tout est organisé au nom du profit", signale Via Campesina.
Le mouvement international paysan, auquel s'associent les réseaux altermondialistes et d'autres mouvements sociaux qui participent à la conférence de Maputo, croit opportun le temps pour de nouvelles politiques agricoles "ayant comme priorités la production alimentaire de proximité, une agriculture durable peu consommatrice d'énergies fossiles et un renforcement des organisations de paysannes et paysans".
Pour Via Campesina, la crise actuelle révèle combien le système alimentaire actuel, qui repose sur l'importation de nourriture et la soi-disant "révolution verte", n'est pas fiable, mais provoque plutôt la faim et la pauvreté.
"En opposition à l'agriculture industrielle d'importation et d'exportation qui a mené à la destruction des emplois ruraux, des communautés rurales et de l'environnement, les petits producteurs du Sud mais aussi du Nord se battent, depuis des années, pour défendre des modes de production agricoles fondés sur une agriculture paysanne durable et familiale.
En plus de fortifier le mouvement international de paysans et petits producteurs pour une plus grande représentativité, la Ve conférence internationale d'octobre 2008 de Via Campesina, qui se déroule au siège de Maputo du bureau régional pour l'Afrique, a pour objectifs de construire un modèle alternatif de développement rural ainsi que de définir des plans d'action communs pour les 4 années à venir.
Parallèlement, la Ve conférence internationale de Via Campesina analysera le contexte international dans le cadre de la lutte des paysans et l'impact des traités commerciaux, de la question de la biodiversité et des semences, des agro-carburants, des changements climatiques et des modèles de production sur la souveraineté alimentaire.
C'est dans cette Ve conférence que seront débattus et définis les thèmes-clés, les positions et orientations politiques de Via Campesina entre 2008 et 2012. Y seront également articulés les règles, mécanismes et structures pour un fonctionnement participatif et démocratique au sein du mouvement international de paysans.
Le cinquième congrès d'octobre 2008 de Via Campesina rassemble, du 16 au 23 octobre, plus de 600 personnes, femmes et hommes, paysans et petits agriculteurs d'environ 150 organisations de plus de 70 pays.
La plupart des délégations internationales sont arrivées à Maputo entre les mardi 14 et mercredi 15 octobre 2008.
C'est l'Union nationale des paysans (Unac, qui compte plus de 65 mille membres organisés en 58 unions et 1,243 associations et coopératives, outre ses membres individuels) de Mozambique [1] qui accueille la rencontre à Matola (province de Maputo à environ 10 km au sud du centre de la capitale) à l'école centrale du parti politique dénommé Front de libération du Mozambique (Frelimo) au pouvoir depuis la proclamation de l'indépendance de ce pays (du Portugal) le 25 juin 1975.
Le Mouvement paysan national du congrès de Papaye (Mpnkp), Tèt kole ti peyizan ayisyen et le Mouvement paysan de Papaye (Mpp, Hinche) sont les organisations d'Haïti qui participent au cinquième congrès de Via campesina.
Pour recevoir les 600 femmes et hommes délégués à Maputo, le secrétariat opérationnel international - qui se trouve à Jakarta (Indonésie) - a mis en oeuvre diverses commissions ad hoc, dont celles relatives à l'assemblée des jeunes, l'assemblée des femmes, la conférence internationale proprement dite, l'assemblée avec les organisations alliées de Via Campesina, le comité de coordination international (CCI) , l'équipe de coordination, la coordination de la traduction de textes, l'interprétariat pendant les travaux, la gestion des événements pour la conférence internationale et les assemblées de jeunes et de femmes, la coordination politique et logistique des régions, la coordination des organisations invitées, alliées et observatrices, la mystique de Via Campesina, la structure de communication et de médias, les infrastructures, les accréditations, la santé, les aéroports, le transport, l'organisation de voyages, les finances, le budget et les remboursements, la sécurité, la discipline et la résolution de conflits, le secrétariat général et la coordination technique générale.
Créé formellement en mai 1993 à Mons (Belgique) dans un contexte de mise en question du modèle de globalisation néolibérale mettant en péril les droits des paysans, notamment à la souveraineté alimentaire, le mouvement Via Campesina entend se présenter comme une voix discordante "au chœur qui chante les louanges de la globalisation" et une voix de l'opposition radicale au modèle néolibéral d'agriculture contrôlé par les grandes entreprises.
Les 4 autres précédentes conférences internationales de Via Campesina ont eu lieu en 2004 au Brésil (qui a vu la première session de l'assemblée mondiale des jeunes ruraux et la deuxième session de l'assemblée de femmes rurales), en 2000 en Inde (tenue de la première session de l'assemblée de femmes paysannes de Via Campesina), en 1996 au Mexique et en 1993 en Belgique.
Via Campesina a pris part à différents événements internationaux, comme les mobilisations au sommet de 2008 de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (Fao), celles au G8 en 2008 à Hokkaido (Japon) et en 2007 à Rostock (Allemagne), celles sur la diversité biologique (convention sur la diversité biologique / Cdb) en 2008 à Bonn (Allemagne) et en 2006 à Curitiba (Brésil), les manifestations contre les accords de libre échange et les accords de partenariat économique (Ape), mais aussi la conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural (Iccard en anglais) en 2006 au Brésil, la co-organisation du forum mondial pour la souveraineté alimentaire en février 2007 à Nyeleni [2], le traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture (Tirpaa), en 2007, ainsi que les conférences de l'Organisation mondiale du commerce (Omc) en 2008 à Genève (Suisse), en 2005 à Hong Kong (Chine) et en 2003 à Cancun (Mexique). [rc apr 16/10/2008 10:00]
- Ronald Colbert, Envoyé spécial
http://www.alterpresse.org/spip.php?article7794
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[1] du nom d'un commerçant arabe du XV e siècle Mussa Bin-Bik
[2] Nyéléni est une paysanne malienne dont l'existence a été transmise par la tradition orale africaine. Originaire de la région de Ségou elle a vécu à une date indéterminée. Fille unique, elle n'a eu de cesse que d'exceller dans tous les domaines afin d'être la fierté de ses parents. Elle devient ainsi une agriculturice hors-pair qui gagnait tous les concours. On lui attribue la domestication du fonio une céréale aux grains minuscules, cultivée dans la partie sahélienne de l'Afrique de l'Ouest. Nyéléni est devenue le symbole de l'engagement des femmes dans la vie sociale malienne. Les organisateurs du forum mondial pour la souveraineté alimentaire, qui s'est tenu à Sélingué au Mali du 23 au 27 février 2007, ont choisi de lui rendre hommage en baptisant cette rencontre "Nyéléni 2007, Source Wikipedia"
https://www.alainet.org/fr/articulo/130292?language=en
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